Description du produit
Etonnant Lavilliers ! Brillant voyageur, qui change encore une fois la donne. Dans ce 21ème album studio, il envoie valser d un coup de rein les rythmes chaloupés, au profit de guitares électriques, cordes, cuivres et percussions orchestrées en bouquets énergisants.
Pour cet album, Bernard Lavilliers retrouve aux arrangements et à la réalisation Fred Pallem, présent dans l univers du chanteur depuis Causes perdues et musiques tropicales, Florent Marchet rencontré lors de la création du spectacle Frère animal, ou Romain Humeau, chanteur d Eiffel, artisan de l album Acoustique et d une partie de Baron Samedi. Il innove également en conviant, en plus de Benjamin Biolay, les quatre musiciens de Feu! Chatterton pour officier en backing-band sur deux titres, comme au temps du Stéphanois. Plus que jamais, l'artiste est en prise directe avec l'époque. L'écriture est percutante, la voix déterminée, les arrangements troublants...5 minutes au paradis porte Lavilliers au sommet de son art et le consacre une fois encore comme l'un des plus grands artistes de la scène française.
Critique
Presque trois ans après l'album Acoustique (2014), qui revisitait dans le plus simple dénuement certains de ses classiques et quelques perles enfouies, Bernard Lavilliers revient dans l'actualité musicale avec ce vingt-deuxième épisode studio, 5 Minutes au Paradis, pour lequel il a réuni les compositeurs, multi-instrumentistes et arrangeurs de ses productions précédentes : Fred Pallem, le musicien derrière Le Sacre du Tympan et Romain Humeau, l'artificier du groupe Eiffel.
D'autres personnalités sont venues prêter main forte aux onze chansons musclées du recueil. Florent Marchet partage des parties de piano et de basse avec Benjamin Biolay, qui a, en sus, composé les ballades mélancoliques « Montparnasse - Buenos Aires » et « Paris la grise » (qui fait écho à « Pigalle la blanche » de Nuit d'Amour, 1981). Deux titres renforcés par la poésie de l'interprète, qui irradie l'ensemble d'un album qui privilégie les atmosphères tendues.
Placé en ouverture, le belliqueux « La Gloire » donne le ton, entre rock planant et arrangements de cordes. Les mots roulent sous les synthétiseurs de « Croisières méditerranéennes », avant de frapper au coeur de « Charleroi » et « Vendredi 13 », évoquant de récentes attaques terroristes belge et parisienne. Un ange passe dans le rythme bossa nova de « Muse », celui du Steely Dan de « Do It Again », tandis que la tonalité musicale du morceau-titre pourrait illustrer un film policier.
Déjà à l'oeuvre sur « Charleroi », le groupe Feu! Chatterton - sans son chanteur charismatique Arthur Teboul - donne toute sa puissance à « Bon pour la casse », dont le thème traite, sans surprise, d'un licenciement, comme ceux opérés en masse par celui qui se fait copieusement citer dans « Fer et défaire ». C'est sur une note plus optimiste, signée avec Florent Marchet et chantée avec Jeanne Cherhal, « L'Espoir », que se clôt un album aux derniers titres les plus forts.
Loïc Picaud - Copyright 2018 Music Story