L'Histoire des paysans français débute à la Belle Epoque, période où la IIIe République achève d'initier les paysans à la démocratie républicaine. Grâce à l'école, au service militaire et à l'arrivée des chemins de fer, les campagnes se désenclavent progressivement, marquant la fin d'un XIXe siècle caractérisé par une relative prospérité. Un siècle plus tard, les paysans sont méconnaissables. Ils ont traversé deux guerres mondiales - dont la première fut dévastatrice -, le dépeuplement des villages, la révolution mécanique, l'entrée dans l'Europe, puis le choc de la mondialisation. Ces héros nourriciers qui ont porté la France à l'autosuffisance alimentaire accusent le coup et entrent dans la modernité avec fracas. Un monde fondé sur des mémoires, des traditions et des savoir-faire s'enfuit, chassé par une agriculture d'une nouvelle ère. Le visage des campagnes se transforme : les petites exploitations familiales laissent place aux grandes et les villages vidés de leurs paysans deviennent des lieux de villégiature pour citadins en mal de tranquillité. Que reste-t-il alors de la société paysanne ? L'artisanat, les fêtes et les foires ne sont-ils qu'une culture reléguée au rang du folklore ? A l'heure où la société accuse les agriculteurs d'être des pollueurs et des empoisonneurs, où le fossé se creuse entre ruraux et citadins, Eric Alary retrace avec finesse les joies et les peines de la paysannerie française. Il le fait selon son habitude au plus près des sources, donnant corps à l'histoire en l'incarnant dans des destins individuels.