Après les 2 premiers albums "Le coeur de Telenko" et "Les jambes de Martha", le 3ème et dernier tome de cette trilogie "La mémoire de Dillon" permet de comprendre la signification du titre "Berceuse assassine". Dillon est le père de l'enfant que Telenko a renversé. Un accident, 3 déchéances...au moins. Après avoir vécu le calvaire de Telenko et celui de Martha, Philippe Tome et Ralph Meyer nous invitent à pénétrer dans le quotidien de cet Indien Navajo plongé malgré lui en enfer. Par la faute de ce couple de Blancs, jamais puni, il a tout perdu. Sa fille Hope, son épouse Shinya, inconsolable. La vengeance est un plat qui se déguste froid et qui doit se mériter. Dillon va reconstituer, étape par étape, le chemin parcouru par Telenko, l'homme qui lui a volé sa vie. Un véritable parcours du combattant doublé d'une quête initiatique pour cet "American Native" immergé dans des villes inhospitalières. Dillon a vécu l'enfer. Exilé loin de sa terre. Exclu par la société des Blancs. Un sacrifice total pour parvenir à ses fins : éliminer Joe Telenko, la source de tous ses maux. Une détermination froide et implacable que l'on se surprend à légitimer, comme on a pu être tenté de justifier la volonté de Joe d'en finir avec Martha (dans "Le coeur de Telenko") avant de comprendre l'envie de cette épouse brisée de liquider son mari coupable de tout ce gâchis (dans "Les jambes de Martha")... Guidé par la berceuse qu'il chantait à sa petite Hope, le personnage de Dillon brouille encore un peu plus les pièces de ce puzzle psychologique. Sulfureux à souhait !